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Séances
- jeu. 14 mar
L’EMPIRE DES SENS
cineclub {vo} 16Eiko Matsuda, Tatsuya Fuji, Aoi Nakajima
En 1936, Abe Sada, une ancienne prostituée, est servante dans une auberge de Tokyo. Kichizo, le propriétaire, la remarque, et ils deviennent amants. L’acte d’amour ne peut satisfaire le désir sexuel puissant, inextinguible, qui les lie. Ils s’isolent, ne mangent plus, ne peuvent plus se passer l’un de l’autre, s’inventent des jeux érotiques qui aiguillonnent leur désir.
En 1972, le producteur français Anatole Dauman rencontra Nagisa Oshima et lui fit cette proposition, qu’il ne refusa pas : « Faisons un film ensemble, en coproduction. Ce sera un film érotique. Pour ce qui est du contenu et de l’organisation de la production, je m’en remets à vous. Pour le reste, je fournis l’argent ». Voilà quelques temps que l’affaire « Abe Sada » obsédait alors le réalisateur, et il se saisit de l’occasion pour écrire son scénario et réaliser un film qui fit date : s’il ne fut pas le tout premier film non pornographique comportant des actes sexuels non simulés, son exposition médiatique était d’un tout autre calibre que les œuvres confidentielles de l’Afro-américain Melvin Van Peebles (Sweet Sweetback's Baadasssss Song, 1971) et du jeune hollandais Paul Verhoeven (Turkish Delices, 1973), pour ne rien dire de la marginalité du Pink Flamingos (1972) de John Waters. Davantage, ces actes sexuels sont l’unique sujet d’un film qui ne parle que de cela : le désir insatiable de deux amants, la quête éperdue de la jouissance physique, l’épuisement où conduit l’excitation maintenue à son plus haut degré, l’abandon de soi comme conclusion logique (« mon corps est à toi », dira l’homme). C’est un film qui nous rappelle que l’amour fou, ça implique les corps et pas seulement les visages, les gestes et non uniquement les paroles, la consécration érotique incarnée plutôt que sa métaphore – bref, un film qui en 1976 prit le taureau par les cornes, ce qui tombe bien puisqu’en japonais, « ai no korīda » signifie « la corrida de l’amour ».
Fabienne Duszynski
interdit aux spectateurs de moins de 16 ans